Début 2025, plus de 200 000 personnes seront formées au secourisme en santé mentale. Une importante étape de franchie en ce début d’année, promesse d’un bel avenir pour la formation aux Premiers secours en santé mentale. Caroline Jeanpierre, directrice de PSSM France, et Muriel Vidalenc, présidente de PSSM France, abordent les nombreux défis et projets qui attendent PSSM France cette année.
En France, la communauté des secouristes en santé mentale franchira la barre des 200 000 dans quelques mois. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Muriel Vidalenc : Tout d’abord, j’ai le sentiment que la formation aux Premiers secours en santé mentale répond à un réel besoin et que les secouristes en parlent très positivement et donnent envie de la faire. Cela signifie aussi qu’il y a dans notre société, un besoin de construire et de renforcer un mode de relations qui permettent de mieux vivre ensemble. Ensuite, je pense aux formateurs qui délivrent la formation aux Premiers secours en santé mentale. C’est grâce à eux, et à la qualité de leur transmission, que cette formation se développe aussi rapidement. Notons que les premières formations ont eu lieu en 2019 seulement, soit un an après la création de l’association.
Cependant, il ne faut pas nier l’enjeu que représente les questions liées à la défense de notre marque. L’association PSSM France fonde sa notoriété sur l’antériorité du programme de Premiers secours en santé mentale, construit selon les principes de la santé communautaire et les résultats des travaux de recherches, menés depuis plus de 20 ans, sur l’impact de la formation dans la déstigmatisation des troubles psychiques. Ce programme est actuellement diffusé dans 29 pays et plus de 7 millions de personnes à travers le monde sont formées comme secouriste en santé mentale. La défense de la marque PSSM sera donc un des axes de travail de 2025.
Enfin, je tiens à rappeler que 2025 sera l’année de la santé mentale, déclarée Grande cause nationale. Avoir atteint les 200 000 secouristes en santé mentale en 6 ans est un exemple probant de l’engagement de nos concitoyens à lever le tabou autour la souffrance psychique.
Caroline Jeanpierre : Ce chiffre est un motif de satisfaction et me donne confiance dans la dynamique que nous prenons. Il montre qu’en peu de temps, le programme a rempli ses objectifs et commence à infuser la population à un rythme soutenu, comme nous l’avions anticipé. Ce n’est qu’en continuant à amplifier le déploiement du programme avec un objectif ambitieux, que nous contribuerons à faire reculer la méconnaissance voire l’ignorance sur la santé mentale. Le programme est exigeant mais donne les connaissances générales, les compétences et la confiance nécéssaires pour outiller les secouristes. Il concoure à son échelle à faire changer le regard de la population sur la santé mentale. Il faut maintenir et amplifier l’effort en gardant les mêmes exigences de qualité qu’au démarrage.
Quels sont les principaux enseignements que vous avez retenus des échanges que vous avez pu avoir avec les formateurs et secouristes au cours des derniers mois ?
MV : En 2024, nous avons fait en sorte de favoriser le dialogue avec les formateurs, notamment durant le Tour de France, la Journée des formateurs… Ce que je retiens de nos échanges, c’est leur richesse et leur apport dans ma propre réflexion. Il est primordial de partager, de discuter, de confronter nos expériences et nos analyses surtout dans le champ qui est le nôtre. Ainsi, à chaque fois, j’ai retenu des idées et des orientations comme ce fut le cas, par exemple, durant la finalisation de notre projet stratégique 2024-30.
« J’ai le sentiment que la formation aux Premiers secours en santé mentale répond à un réel besoin, et que les secouristes en parlent très positivement et donnent envie de la faire.“
Muriel Vidalenc
Présidente de PSSM France
CJ : Les remontées du terrain sont positives. Les formateurs que j’ai rencontrés lors de notre Tour de France ou à l’occasion de la 1ère Journée des formateurs font des retours très positifs et encourageants. L’ensemble de l’équipe de PSSM France est attentive à soutenir les formateurs et à faciliter le déploiement du programme.
Les principaux enseignements que je retiens, c’est que nous arrivons dans une nouvelle étape du déploiement de PSSM France. Nous devons en particulier faciliter les échanges des différentes communautés d’instructeurs, de formateurs et de secouristes. Nous devons aussi être collectivement attentifs à la défense de la marque PSSM. Nous proposons un programme exigeant qui s’appuie sur la qualité des contenus et des formateurs. C’est un engagement collectif nécessaire pour embarquer toute la communauté dans le respect de cette exigence.
L’animation des communautés sera l’un des chantiers prioritaires de cette nouvelle année…
MV : Nous avons clairement identifié le besoin d’animer nos communautés de secouristes et de formateurs. Et nous allons lancer un travail sur ce thème qui permettra d’ouvrir des options et de prendre en compte l’expression des formateurs sur leurs attentes et besoins. Très prochainement, et cela a été présenté durant la Journée des formateurs fin novembre, sera ouvert un réseau social réservé aux formateurs pour leur permettre de discuter de leurs pratiques, de trouver des co-animateurs près de chez eux et de faciliter leurs échanges avec les équipes de PSSM. Et cette année, nous retournerons à la rencontre des formateurs, des secouristes et des partenaires dans plusieurs régions, pour faire un point sur nos travaux, recueillir leurs propositions, témoignages, attentes…
CJ : L’animation des communautés fait partie des chantiers prioritaires cette année. Cela a clairement été identifié comme une priorité par la Gouvernance de PSSM France dans le cadre de l’élaboration du projet stratégique 2024-30. Nous avons besoin de nous enrichir collectivement des propositions et des attentes de chacun pour guider nos actions. Nous allons pouvoir nous appuyer sur les retours des formateurs qui sont venus nous rencontrer lors du Tour de France. L’appartenance au réseau MHFA international® et les retours d’expériences des 28 autres pays qui développent le programme des Premiers secours en santé mentale sera aussi une source d’inspiration pour s’enrichir des pratiques qui font leurs preuves.
… Ainsi que la qualité !
MV : Notre démarche d’animation de la communauté de formateurs est complémentaire des travaux en cours sur la démarche qualité. Notre attention sur le renforcement de la qualité au travers des outils pédagogique, de recyclage, des connaissances est notre rôle en tant que tête de réseau. C’est la responsabilité que nous avons envers les secouristes, formateurs et partenaires. J’associe naturellement dans le thème qualité, car elles y participent, l’animation des communautés et la défense de la marque.
» PSSM France propose un programme exigeant, qui s’appuie sur la qualité des contenus et des formateurs. “
Caroline Jeanpierre
Directrice de PSSM France
CJ : PSSM France s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue de la qualité. Ce n’est qu’en s’appuyant sur cette exigence que nous parviendrons collectivement à remplir notre ambitieux objectif de développer le secourisme en santé mentale en formant, à horizon 2030, 750 000 secouristes en santé mentale, mais également d’animer nos communautés, de soutenir nos formateurs…
En conclusion, que SOUHAITEZ-vous pour 2025 ?
MV : La santé mentale est reconnue Grande cause nationale pour 2025. 12 mois, c’est très court mais je souhaite que cette période soit déterminante pour inscrire la santé mentale dans toutes les politiques publiques, car rappelons qu’elle est l’affaire de tous : personnes concernées, proches dans les sphères familiales, amicales, professionnelles…
CJ : Pour 2025, nous pouvons nous réjouir que la santé mentale soit déclarée Grande cause nationale. Cela contribuera à développer les initiatives pour soutenir chacun des acteurs impliqués dans le champ de la santé mentale avec le soutien de campagnes de communication communes favorisant la prise de conscience collective, les prises en charge précoce…
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