Comment savoir si une personne a des pensées suicidaires ?

Selon un rapport 2023 de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus de 700 000 personnes meurent chaque année par suicide dans le monde. En France, on compte 9 000 suicides par an (soit 25 suicides par jour). Il est urgent d’apprendre à repérer les signes et comment agir de manière adaptée face à une personne qui a des pensées suicidaires.

©Eloïse Bajou – Papageno programme

Pensée suicidaire : comment savoir s’il faut s’inquiéter et quand ?

Les signes d’alerte et facteurs de risque

Amis, famille, collègue, partenaire de sport… Vos proches peuvent être concernés par des pensées suicidaires et ne pas oser vous en parler pour ne pas vous inquiéter ou tout simplement car ils ne savent comment aborder le sujet. C’est pourquoi il est important de connaître les signes d’alerte et les facteurs de risque1 2 :

  • Avoir des changements soudains de l’humeur (pleurs, irritabilité, colère…)
  • Parler ou écrire à propos de la mort, de son décès ou du suicide
  • S’éloigner de ses amis, de sa famille et/ou de la société
  • Augmenter sa consommation d’alcool et/ou de drogues
  • Ressentir de l’anxiété, de l’agitation ou une somnolence permanente
  • Menacer de se faire du mal ou de se tuer
  • Agir de manière imprudente ou s’engager dans des activités risquées, apparemment sans réfléchir
  • Manifester du désespoir – Exprimer de la rage, de la colère ou de la vengeance
  • Rechercher des moyens de mettre fin à ses jours : recherche sur des médicaments, des armes ou d’autres moyens
  • Se sentir piégé, comme s’il n’y avait pas d’issue
  • Ne plus avoir de raison de vivre, ne plus avoir de but dans la vie

Les situations de vie difficiles peuvent augmenter le risque de pensées suicidaires

Si une personne de votre entourage vit, en plus des signaux listés précédemment, une situation de vie difficile, il est possible que cela augmente le risque de crise suicidaire. En effet, une tentative de suicide résulte bien souvent de la combinaison de plusieurs facteurs.

L’accumulation de facteurs peut être vécue comme insurmontable par une personne en grande souffrance.

Voici une liste non exhaustive d’exemples, proposée par Pyscom :

  • Rupture amoureuse
  • Deuil d’un proche, d’un animal
  • Difficultés financières
  • Perte d’un emploi
  • Epuisement professionnel ou burn-out
  • Harcèlement
  • Perte d’autonomie
  • Mauvaise santé physique
  • Violence dans le couple
  • Solitude et isolement
  • Problèmes avec la justice
  • Antécédents de tentatives de suicides ou d’automutilation
  • Avoir été victime de violence physique ou sexuelle au cours de l’enfance
  • Discrimination liée au racisme, au sexisme, à l’orientation sexuelle, au handicap
  • Trouble psychique tel que dépression, trouble schizophrénique, trouble bipolaire, trouble anxieux, stress post traumatique (par exemple à la suite d’une agression sexuelle)
  • Avoir été récemment exposé au suicide d’une autre personne

Je suis en grande souffrance, j’ai besoin d’aide : j’appelle le 3114

Comment réagir face à une personne ayant des idées suicidaires ?

Le suicide peut être évité. La plupart des personnes ayant des pensées suicidaires ne souhaitent pas mourir. Elles veulent surtout mettre fin à une souffrance.

Parler ouvertement des idées suicidaires peut sauver une vie. Poser la question c’est déjà agir.

>>> Consulter le carnet du secouriste « Aider une personne ayant des idées et comportements suicidaires

>>> Consulter la page “Quand on a des idées suicidaires” sur le site du Psycom

Poser la question des pensées suicidaires ne fait pas passer à l’acte

Avant toute chose, si vous manifestez de l’inquiétude pour une personne de votre entourage, n’hésitez pas à lui en parler. Même si vous n’avez qu’un léger soupçon à l’égard des pensées suicidaires de la personne, lui donner la possibilité d’en parler peut être aidant.

La seule façon de savoir si quelqu’un pense au suicide c’est de lui poser directement la question d’une façon neutre et sans jugement.

Par exemple, vous pouvez demander :

  • « As-tu des pensées suicidaires ? »
  • « Est-ce que tu as déjà pensé à te suicider ? »

A l’inverse, évitez les questions portant un jugement.
Exemple « Tu ne vas quand même pas faire une bêtise ? »


“Notre témoin de mariage allait mal, je lui ai demandé s’il envisageait de se suicider, ce qui était le cas. Nous avons alors pu intervenir et, très probablement, lui sauver la vie. […] MERCI beaucoup pour cette formation très importante ! “

Clothilde G.
Secouriste en santé mentale


On peut parfois hésiter à poser la question en pensant que cela risque de confirmer les idées suicidaires. Ce n’est pas vrai. Au contraire, cela lui donnera l’occasion à la personne de parler de ses problèmes et lui montrera que quelqu’un s’intéresse à elle.

Il est fréquent de paniquer ou d’être choqué lorsqu’une personne révèle ses pensées suicidaires. Cependant, il est essentiel de se montrer empathique et rassurant. Essayez de faire preuve d’écoute, de bienveillance et de compréhension. Cela facilitera la suite de l’échange.

Il est possible que la personne que vous souhaitez aider se fasse du mal en ayant recours à l’automutilation, sans pour autant avoir des pensées suicidaires. Le carnet du secouriste en santé mentale « Mieux comprendre les automutilations non suicidaires » pourra vous aider à l’accompagner.

Les professionnels à qui s’adresser en cas de crise suicidaire

Même si la personne concernée par des pensées suicidaires se confie à vous, ne supposez pas que la situation s’améliorera d’elle-même ou que la personne cherchera de l’aide toute seule.

Vous pouvez aider la personne en l’encourageant à obtenir une aide professionnelle appropriée dès que possible. En l’accompagnant dans sa recherche et dans ses démarches si elle le souhaite, par exemple en appelant une ligne l’écoute ou en allant avec elle à un rendez-vous. Pour cela, vous pouvez l’informer des ressources disponibles qui peuvent répondre à ses problèmes (à choisir en fonction du degré d’urgence) :

  • Médecin traitant
  • Lignes d’assistance téléphonique pour la prévention du suicide
  • Services d’urgences comme le SAMU
  • Hôpitaux
  • Établissements de santé mentale

Consulter la liste des professionnels et ressources à contacter.

Plus d’informations :

Discussion avec le 3114 : interview du Dr Debien responsable du déploiement national

Comment aider un ado qui va mal ?

Apprendre à aider, le podcast sur le secourisme en santé mentale : pensées suicidaires

Quand les sportifs parlent de leur santé mentale

Qu’est-ce que le secourisme en santé mentale ? – VIDEO

  1. Warning signs for suicide: theory, research, and clinical applications ↩︎
  2. Assessing motivations for suicide attempts: development and psychometric properties of the inventory of motivations for suicide attempts ↩︎