Depuis plusieurs années on constate une nouvelle tendance chez les sportifs de haut niveau : ils osent de plus en plus prendre la parole sur leur santé mentale. Ils sont nombreux à partager leur expérience vécue d’un trouble psychique. Ainsi, ils contribuent à lever le tabou sur la santé mentale dans le milieu sportif. Cette prise de conscience collective permet de
déstigmatiser et de mieux prendre en charge les athlètes concernés.
Lever le tabou de la santé mentale dans le milieu sportif
Déstigmatiser la santé mentale dans le sport, cela prend du temps mais la dynamique est en marche
Ces dernières années le sujet de la santé mentale occupe plus d’espace dans le milieu sportif. Le chemin vers la déstigmatisation des troubles de santé mentale chez les sportifs de haut niveau est en cours. La preuve avec le tout premier espace dédié à la santé mentale des athlètes sur le village olympique des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Avant la création de cet espace, d’autres initiatives en faveur de la santé mentale des sportifs ont vu le jour.
“Depuis les JO de Tokyo (en 2020), la tendance mondiale est à la prise en considération de la santé mentale des athlètes et à la pratique du sport en sécurité. » ”
Takeshi Kukidome
Directeur de l’Institut national japonais des sciences du sport
En 2021, le Comité International Olympique publie son référentiel sur la santé mentale chez les athlètes d’élite (disponible ici, en anglais).
En 2022, les athlètes participants aux JOP d’hier de Beijing ont eu accès à la ligne d’assistance téléphonique « Mentally Fit ». Celle-ci était disponible tout au long de la compétition et jusqu’à trois mois après la fin des jeux.
En 2024, les Jeux Olympiques de la Jeunesse d’hiver de Gangwon proposent un stand éducatif dédié à la santé mentale et au bien-être. Il est nommé « Mind, Body and Me » et rencontre beaucoup de succès.
La place de la santé mentale dans le quotidien d’une athlète : Fanny Peltier, sprinteuse professionnelle
« Dans une carrière de sportif de haut niveau, c’est super important de préparer les grandes échéances. Mais aussi les défaites et les échecs, qui ne sont pas forcément des échecs d’ailleurs… et comment on les aborde, comment on aborde l’après carrière et qui nous sommes en tant qu’athlètes »
« Parfois on s’enferme un peu dans « je suis un athlète et je ne suis que ça. […] La santé mentale c’est vraiment important, c’est le moteur et pas que dans le sport, dans la vie entière. »
>> Voir l’interview vidéo complète de Fanny Peltier
5 témoignages de sportifs de haut niveau qui ont connu un trouble de santé mentale
Tous les sportifs peuvent être concernés à un moment ou à un autre de leur carrière par le développement d’un trouble de santé mentale. Le stress accru avant une compétition, la gestion d’une blessure qui influence la performance, la médiatisation qui peut être source d’anxiété… Autant de facteurs qui peuvent impacter la santé mentale des sportifs.
“Je pense que les athlètes qui parlent franchement de problèmes dont d’autres ont eu du mal à s’ouvrir peuvent être d’un grand secours, surtout s’il s’agit d’athlètes de haut niveau et célèbres”
Dr Richard Budgett
Directeur médical et scientifique du CIO depuis novembre 2012.
Ancien rameur d’aviron britannique, médaillé d’or aux JO d’été de 1984.
Thierry Henry, ancien footballeur de l’équipe de France se confie sur sa dépression
Janvier 2024. Thierry Henry champion du monde de 1998 révèle avoir souffert de dépression au cours de sa vie. Un témoignage repris très largement par les médias. « Les larmes venaient toutes seules. Pourquoi ? Je ne sais pas, mais peut-être qu’elles étaient là depuis longtemps. »
Perrine Laffont, championne de ski acrobatique, médaillée d’or aux JO 2018, s’exprime sur l’apparition de troubles de santé mentale menant à la dépression
Dans le documentaire « Strong, aussi forts que fragiles » réalisé en 2023, Perrine Laffont partage ses moments de doute et de souffrance psychique dans son quotidien rythmé par la compétition et le dépassement de soi : « Le premier symptôme, c’est le dégoût de son sport. Le cerveau a assimilé sport et souffrance et compétition à stress. Après vient la perte d’appétit, de poids, d’envie… ».
René Holten, canoéiste danois, concerné par un stress post traumatique sans le savoir
A l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale de 2020, le canoéiste danois René Holten revient sur l’apparition d’un stress post-traumatique à la suite de son résultat d’épreuve lors des JO de Rio 2016. Il lui aura fallu 3 ans pour en prendre conscience, grâce à au directeur de l’équipe Danemark également psychologue du sport.
>> Savoir repérer les symptômes d’un trouble de santé mentale, ça s’apprend.
Raphael Poulain, ancien rugbyman professionnel, raconte sa période d’addiction au sport. en quête de toujours plus de performance
L’ancien dieu du stade a traversé une période d’addiction au sport après avoir raccroché les crampons. Depuis, il a pris du recul sur cette relation extrême au sport, s’est intéressé à différentes disciplines comme le développement personnel et la psychologie. Ce parcours l’a d’ailleurs conduit à se former aux premiers secours en santé mentale (PSSM). « J’ai ainsi pu comprendre et mettre en lumière les moments de dépression, de burn-out et de crise d’angoisse que j’ai traversés ».
>> Lire l’interview complète de Raphaël Poulain
Marc Cavendish, coureur cycliste britannique revient sur sa période de dépression lourde
2018. Mark Cavendish attrape le virus Epstein Barr, c’est le début d’une période difficile physiquement et moralement, qui le mènera vers une dépression lourde. “Je n’avais rien, je ne voulais rien, je ne faisais rien, je ne ressentais rien. J’étais vide. Un sentiment d’inutilité.”. Ses proches craignent un suicide. La dépression le conduit à adopter des comportements dangereux pour sa santé. “La seule façon de compenser cela est de devenir plus léger. J’ai commencé à manger de moins en moins, comme si je n’avais rien mangé. J’ai arrêté de manger. ». Un documentaire Netflix de 2023 retrace son parcours.
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Dossier spécial : sport et santé mentale
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