La schizophrénie est une forme de trouble psychotique qui concerne 24 millions de personnes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé. Comment repérer les signes ? A quel âge les symptômes peuvent-ils apparaitre ? Comment aider un proche concerné ? Vous trouverez ici des éléments de réponses.
Qu’est-ce que la schizophrénie ?
La schizophrénie fait partie des troubles psychotiques, au même titre que la bipolarité. Ces deux troubles de santé mentale sont d’ailleurs souvent difficiles à différencier sans un diagnostic médical réalisé par un professionnel de santé.
Les troubles psychotiques sont un terme général. Ils se définissent par une perte de contact avec la réalité. Les troubles psychotiques, dont la schizophrénie fait partie, peuvent grandement affecter la vie quotidienne de la personne concernée rendant les relations sociales difficiles. Cela aussi bien dans sa vie privée que dans sa vie professionnelle..
« Pour les gens, la schizophrénie est liée à l’imprévisibilité, à la dangerosité, ce qui est faux. Globalement, il y a plus de danger pour la personne qui a une schizophrénie que pour son entourage. » 1
Pr Nicolas Franck
Chef du pôle centre rive gauche psychiatrie adultes au Vinatier et président du conseil scientifique et pédagogique PSSM France
La schizophrénie (ainsi que tous les troubles psychotiques) provoque de fortes perturbations chez la personne concernée :
- Des perturbations du comportement (agressivité, isolement social et relationnel)
- Des perturbations de la pensée (hallucinations auditives, visuelles…)
- Des perturbations des émotions (réactions différentes du comportement habituels)
Les troubles psychotiques tels que la schizophrénie ou la bipolarité sont très souvent stigmatisés dans la société. Il est essentiel de mieux comprendre ce que vit une personne concernée et s’affranchir des idées reçues pour pouvoir l’aider. Chaque personne est unique. La fréquence et l’intensité de ses symptômes le sont aussi. Ainsi, l’avis d’un professionnel est recommandé dans toutes les situations.
En France, la schizophrénie touche environ 600 000 personnes, aussi bien des hommes que des femmes. Selon l’INSERM, la schizophrénie serait plus fréquemment observée chez les personnes vivant en milieu urbain ainsi que chez celles ayant un parcours d’immigration.2
Comment se développe un trouble schizophrène ?
La recherche ne met pas en évidence de cause unique de la schizophrénie. Ce trouble de santé mentale peut se développer à travers les gènes et un certain nombre de facteurs environnementaux. Des facteurs psychosociaux peuvent également influer sur l’apparition et l’évolution de la schizophrénie.3
Une forte consommation de cannabis est associée à un risque élevé de schizophrénie.
En effet, l’usage régulier de cannabis avant 18 ans multiplie par 2 le risque de développer un trouble schizophrène.4
« La schizophrénie, ça commence à l’adolescence ou chez l’adulte jeune. La plupart des gens entrent dans la schizophrénie entre l’âge de 15 et l’âge de 25 ans. Mais ça peut arriver plus tard ou exceptionnellement plus tôt. »
Pr Nicolas Franck
Chef du pôle centre rive gauche psychiatrie adultes au Vinatier et président du conseil scientifique et pédagogique PSSM France
Par ailleurs, un trouble psychotique peut également débuter soudainement dans les premières semaines suivant l’accouchement. Ce type de trouble peut alors s’aggraver rapidement et tout retard de traitement peut augmenter les risques pour la mère et son bébé.
Comment identifier les symptômes de la schizophrénie ?
La schizophrénie est un trouble de santé mentale souvent difficile à diagnostiquer. Cela s’explique par la diversité de ses symptômes, pouvant être parfois confondus avec ceux de la dépression, d’un trouble anxieux sévère ou des troubles bipolaires.
La schizophrénie n’est pas une maladie dite « d’apparition brutale ». Ainsi, le diagnostic est parfois posé plusieurs années après l’apparition des premiers symptômes.
Les signes et symptômes fréquemment observés chez les personnes concernées par un trouble psychotique comme la schizophrénie5
Changements des émotions et de la motivation
Dépression, anxiété, irritabilité, méfiance, ou émotions perturbées, indifférentes ou inappropriées, ou encore changement d’appétit, baisse d’énergie et de motivation.
Changements des pensées et de la perception
Troubles de la concentration ou de l’attention, sentiment d’altération de soi, des autres ou du monde extérieur (par exemple, avoir l’impression d’avoir changé ou que les autres ont changé ou agissent différemment d’une manière ou d’une autre), idées étranges, expériences perceptives inhabituelles (par exemple, diminution ou augmentation de l’intensité d’une odeur, d’un son ou d’une couleur).
Changements de comportement
Troubles du sommeil, isolement social ou repli sur soi, réduction des aptitudes professionnelles ou sociales.
« Les secouristes en santé mentale ne vont pas favoriser le rétablissement qui est au long cours, mais ils vont aider dans l’instant des personnes à ne pas aller vers une mauvaise décision ou une rupture avec ce dont elles ont besoin. ça peut être des soins ou simplement solliciter de l’aide auprès de son entourage, des services sociaux, des dispositifs médico-sociaux… »
Pr Nicolas Franck
Chef du pôle centre rive gauche psychiatrie adultes au Vinatier et président du conseil scientifique et pédagogique PSSM France
Extrait du podcast Apprendre à aider – Les troubles psychotiques
Si la consultation d’un professionnel de santé est obligatoire pour poser un diagnostic, un secouriste en santé mentale peut néanmoins être attentif aux signes et symptômes pré-cités. Il saura adopter la bonne posture et mettre en pratique la méthode AERER© apprise en formation PSSM.
Pour encourager une personne concernée par un trouble schizophrène à chercher une aide professionnelle, vous pouvez par exemple lui partager les informations suivantes :
- Ce qu’elle traverse pourrait s’améliorer avec une aide professionnelle appropriée
- Il est important de consulter un professionnel dès que possible, car un traitement précoce est plus efficace et peut empêcher les symptômes de s’aggraver
- Demander une aide professionnelle n’implique pas forcément une hospitalisation, il est possible d’avoir une prise en charge en ambulatoire
Il est normal de demander de l’aide lorsqu’on ne va pas bien. C’est un signe de force plutôt que de faiblesse ou d’échec.
Schizophrénie : les idées reçues
Il est important de garder à l’esprit que les personnes concernées par un trouble psychotique, notamment la schizophrénie, ne le considèrent pas toutes comme un problème. Cela n’a pas toujours un impact négatif sur leurs expériences et elles ne sont pas forcément en situation de crise (état psychotique grave, pensées ou comportement suicidaires, comportement agressif)
« La double personnalité n’a rien à voir avec la schizophrénie »
Dr Christophe Debien
Psychiatre au CHU de Lille
Comme le souligne le professeur Nicolas Franck : « la mauvaise connaissance des troubles psychiques conduit à une mauvaise représentation, qui conduit à un rejet et à des peurs ».
C’est sur ce constat que s’est basé Positive Minders pour sa dernière campagne de sensibilisation, réalisée en partenariat avec les médias Libération et Le Gorafi. La campagne, intitulée « Les Faits Ordinaires » met en exergue des faits banals « commis » par des personnes vivant avec une schizophrénie :
Découvrez les autres faux articles de presse ainsi que des témoignages de personnes parfaitement intégrées à la société et ayant suivi un parcours de rétablissement sur le site dédiée de la campagne de sensibilisation.
Pour aller plus loin :
Le carnet du secouriste en santé mentale : mieux comprendre les troubles psychotiques
Une discussion avec la maison perchée
Comment savoir si une personne à des idées suicidaires ?
Mieux comprendre les automutilations pour mieux aider
Alcool : comment réduire sa consommation ?
- Extrait du podcast Apprendre à aider – Les troubles psychotiques ↩︎
- https://www.inserm.fr/dossier/schizophrenie/ ↩︎
- https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/schizophrenia ↩︎
- https://www.inserm.fr/dossier/schizophrenie/ ↩︎
- Adapté de : Edwards, J & McGorry, PD (2002). Implementing Early Intervention in Psychosis. Martin Dunitz, London ↩︎